SAMUEL PATY
Publié le: 19 octobre 2020
Chère amie, Cher ami,
Samuel Paty a été assassiné parce qu’il défendait les valeurs de la République.
Lorsque Charlie Hebdo, dans son numéro du 2 septembre 2020, a republié les caricatures qui étaient à l’origine de la fatwa qui devait conduire à l’attentat du 7 janvier 2015, après que le siège du journal ait été préalablement incendié, il a accompagné son numéro d’un sondage, disponible sur le site de l’IFOP (échantillon de 1020 personnes représentatif de la population vivant en France métropolitaine et échantillon de 515 personnes représentatif de la population de religion musulmane vivant en France métropolitaine), sur la liberté d’expression réalisé en août 2020 dont les résultats s’avèrent fort révélateurs.
Ainsi, à la question « Selon vous, les journaux ont-ils eu raison ou tort de publier les caricatures du prophète Mahomet ?» 31% des personnes répondaient : « Ils ont eu tort, car cela constituait une provocation inutile », et la proportion montait à 69% des personnes se déclarant musulmanes Plus loin la même enquête interrogeait nos concitoyens sur les valeurs de la République à travers la question « En général faites-vous passer vos convictions religieuses avant les valeurs de la République », pour l’ensemble de la population 83% des sondés répondaient Non, mais la proportion monte à 60% dans l’échantillon de la population musulmane. J’entends bien qu’il ne faut pas faire dire à un sondage plus que ce qu’il signifie.
Mais là ça suffit !
L’argument, qui peut se résumer par la formule « ne pas jeter de l’huile sur le feu », marque à la fois la lâcheté et le déshonneur. Rien, absolument rien, ne doit faire oublier qu’en la circonstance le problème ce n’est pas l’huile, c’est le feu.
Pour se prémunir de ce danger mortel, la République a adopté en 1905 des Lois de laïcité dont la base est de n’autoriser aucune expression des religions dans la sphère publique, et de réserver à la sphère privée de l’ordre de l’intime les préceptes prônés par telle ou telle religion. La Laïcité n’est pas la religion de ceux qui n’ont pas de religion.
Dans ces conditions, les résultats de ce sondage sont catastrophiques : la proportion de 31% est à proprement parler terrifiante, sans même parler de celle des 69%.
Aucune excuse n’est à chercher dans une contextualisation bienveillante du style : « bien évidemment je condamne, mais après tout on peut aussi comprendre ».
Jaurès parlait de la République jusqu’au bout, affirmée dans l’atelier comme au Parlement, pour que le citoyen qui par son bulletin de vote choisit les ministres ne puisse pas être chassé de son usine par la seule volonté de son patron.
A force de remplacer les services aux populations par des services aux territoires, les territoires perdus de la République se sont généralisés, dans les banlieues comme dans les territoires de montagne. Mais cela ne saurait en rien constituer un élément à décharge du crime commis et qui est tout sauf un acte isolé..
La République est une, indivisible, sociale et laïque.
En ce moment dramatique, je tenais à le rappeler à toutes et tous et à appliquer au combat républicain la formule de Churchill lors de la bataille d’Angleterre : « Jamais nous ne nous rendrons ».